SERIE HACKS INTERVIEWS

1 Ronan Désérable – Petit hack deviendra grand!

Nous commençons notre mini série témoignage des Hacktivateurs. Mais que font, qui sont les Hacktivateurs ? Mais qu’est ce qu’un hack ? Rien de mieux que des témoignages et partage d’expérience pour se reconnaître! Merci à Edouard Sikierski pour cette chouette initiative et à Olivier Barrellier pour son talent d’interviewer !

On dit souvent qu’une innovation est une invention qui a réussi à trouver son public. Et s’il en était de même pour les hacks ? C’est en tout cas ce qui est arrivé à Ronan Désérable, alors Manager de l’équipe statistiques à la direction marketing stratégique de la MAIF. Il nous raconte cette aventure, dans laquelle il a utilisé une approche effectuale.

Quelle était l’idée initiale ?

Plutôt une intuition, née en 2013 du croisement entre mon appétence naturelle pour la cartographie et l’arrivée de nouvelles données INSEE, à des mailles géographiques plus fines qu’auparavant. Mon instinct me disait qu’il y avait là de la valeur pour l’entreprise : en créant des portraits marketing locaux – à la maille des quartiers – de nos clients et prospects. Il me semblait évident que cela pouvait intéresser nos conseillers sur le terrain, qui devaient jusqu’alors se contenter de données à l’échelle départementale.

Aviez-vous le budget et les ressources pour un projet de cette ampleur ?

Dans ma position, oui. Les données INSEE étaient gratuites (open data) et les données clients déjà utilisées au quotidien dans mon service. Mon équipe maitrisait le volet data et un collègue d’une autre équipe les aspects géomarketing et cartographie. En revanche, il me manquait un sponsor en interne, que j’ai finalement trouvé en la personne du responsable de la région toulousaine (rejoint par quelqu’un du siège). Nous avons ainsi produit pour lui une maquette avec de vraies données, sur une dizaine de critères comme les taux de pénétration de la MAIF, les types de contrats détenus, ou encore des comparaisons entre villes et/ou quartiers… Il a immédiatement accroché. La représentation cartographique faisait écho à sa connaissance du terrain, et lui a donné des idées d’actions commerciales.  

Considérez-vous votre action comme un hack ?

Oui. Mes managers était bien sûr au courant de cette initiative, mais étaient gênés par le fait qu’elle bénéficiait à un autre service, gratuitement de surcroit ! Mais nous avons persévéré jusqu’à obtenir un produit présentable à notre client toulousain. La position de mon management s’est alors muée en opposition : interdiction d’aller présenter nos résultats à Toulouse. Nous avons néanmoins pu présenter le projet au directeur marketing, qui s’est montré intéressé par le géomarketing, les nouvelles données « open data », et notre prototype toulousain…jusqu’à demander des fonctionnalités supplémentaires. Nous avons donc pu passer à une étape plus industrielle, en envoyant notamment un « kit d’appropriation » aux régions. Rapidement les demandes ont afflué. Nous avons réalisé 40 « portraits locaux » en 2014.

Et aujourd’hui ?

J’ai quitté le service en septembre 2014. Mais le projet a continué et grandi via un projet nommé GPL, pour Gestion du portefeuille Local. Alors que nos premières productions étaient statiques et réalisées au sein de l’équipe, chacune des 140 « agences » régionales dispose aujourd’hui d’un requêteur directement connecté aux données. Les conseillers peuvent ainsi non seulement générer des cartographies en totale autonomie, mais encore lancer automatiquement demandes d’ actions marketing et commerciales à partir des sélections géographiques : emailing, organisation d’évènements (action culturelle, conférence…), etc.

Quel bilan en tirez-vous ?

D’abord une grande satisfaction pour l’équipe, car notre petite idée est aujourd’hui un outil commercial quotidien pour nos collègues. Ensuite qu’un hack modeste peut suffire à changer les choses, en passant un cap décisif. Et enfin que l’approche effectuale (ndlr : voir schéma) fonctionne : si nous avions commencé par contacter les SI pour intégrer notre idée dans les outils informatiques, je vous laisse imaginer le résultat… Nous avons simplement agi avec les ressources disponibles à chaque étape, sans objectif final précis, et en embarquant des collègues au fur et à mesure. Cette approche m’a marquée, et je l’utilise désormais au quotidien dans mon rôle de «  catalyseur d’innovation ».


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