Peut-on utiliser l’intrapreneuriat pour changer la culture d’entreprise ?

Article original publié le 06/06/2019 sur le blog de Dominique van Deth: https://startups2corporate.blogspot.com/2019/03/peut-on-utiliser-lintrapreneuriat-pour.html

On fête l’intrapreneuriat chez Orange

Il y a quelques jours, à l’invitation de Nicolas Bry, COO de l’Orange Startups Studio, tout le gratin de l’innovation corporate était réuni chez Orange Garden pour fêter l’intrapreneuriat. Si de nombreuses entreprises s’approprient cet outil d’open innovation, force est de constater que la tendance est relativement récente et que nous manquons de retour d’expérience sur le long terme.

C’était donc très intéressant d’entendre la perspective de groupe comme Telefonica ou Bosch qui pratique la mobilisation de collaborateurs au service de projet entrepreneuriaux.

Des intrapreneurs étaient également présents pour témoigner de leur parcours et si tu te poses la question de participer au programme de ton entreprise, je t’invite à lire 3 conseils pour tirer le meilleur d’une expérience d’intrapreneur.

Les bénéfices de l’intrapreneuriat pour l’entreprise sont connus: 

  • Recherche de chiffre d’affaire additionnel et notamment au travers de l’innovation disruptive
  • Diffusion d’une culture plus entrepreneuriale
  • Développement de la responsabilité sociale de l’entreprise
  • Mobilisation et rétention des collaborateurs atypiques
  • Attractivité

Mais pour ne pas que l’intrapreneuriat fasse long feu (lire Faut-il fermer son accélérateur de startup ?), il convient de bien s’interroger sur les mécanismes à l’oeuvre afin de conserver des attentes réalistes et de déjouer les principaux pièges. 

Déjà, comme je l’ai écrit dans Comment apporter de l’innovation de rupture dans les entreprises ?, il est très difficile pour une entreprise de favoriser une innovation de rupture. 

Alors qu’en est-il de la diffusion d’une culture plus entrepreneuriale dans l’entreprise ? 

On a beaucoup écrit sur la culture d’entreprise et même Peter Drucker, le pape du management disait: 

Culture eats strategy for breakfast – Peter Drucker

En général, on considère la culture d’entreprise comme quelque chose d’unique et de partagé et souvent, on conseille même de « gérer » la culture comme on gère les embauches ou l’acquisition de nouveaux clients. Si tu diriges une startup, on t’a certainement conseillé de créer une culture spécifique avec ses valeurs, ses rites, ses mythes, quitte à prendre des libertés sur la genèse de ton projet. 

Dans mon expérience de la grande entreprise, il est fréquent que des éléments de culture soient différents voire opposés dans différentes parties de l’organisation (business unit, service, géographie, …). 

Et comme François Dupuy l’explique brillamment dans « La faillite de la pensée managériale« , on a tendance à largement sous-estimer l’intelligence des acteurs. Les dirigeants, en peine avec une réalité qui leur échappe, appellent cela la résistance au changement. 

Pour essayer de comprendre comment le programme d’intrapreneuriat va influer sur la culture d’entreprise, il faut donc se doter d’outils solides. La Sociodynamique, que j’ai citée dans Le mythe de l’entrepreneur peut alors être très utile. 

Le blason sociodynamique de la performance pour mieux penser l’organisation

Développée par Jean-Christian Fauvet sein de Bossard Consultant, cette théorie du management s’est développée graduellement en analysant la dynamique des acteurs :

  • Les antagonismes
  • Les synergies et la stratégie des alliés
  • La tension entre l’institution et le corps social
  • La dialectique entre l’Unique (Ego) et le Multiple (Eco)

Cette dialectique donne 4 modèles d’organisations repris dans le blason sociodynamique de la performance, que l’on retrouve dans son livre l’élan sociodynamique:

  • Mécaniste: la nécessité d’un socle de fonctionnement
  • Tribale: la force de l’élan communautaire
  • Individualiste: le foisonnement des situations nouvelles
  • Holomorphe: la chance que constitue le jeu d’équipe

Ce modèle peut alors être utilisé pour catégoriser tout ou partie de l’organisation. La vérité, c’est que l’approche mécaniste est très largement majoritaire, à tel point qu’on peut de demander comment résister à l’inflation des jobs à la cons

A l’inverse, l’intrapreneuriat se situe largement dans la dynamique holomorphe. Reste à savoir si la démarche intrapreneuriale peut changer ou, en tout cas, aider à réorienter la culture d’entreprise. 

Deux clés pour maximiser les chances d’influer sur la culture

Récompenser tous les participants

L’intrapreneuriat, lorsqu’il est est organisé par l’entreprise, commence en général par un large appel à idées. Cette séquence permet alors d’identifier les volontaires qui pourront devenir intrapreneurs à l’issue d’un processus de sélection. 

La sélection est souvent rude (entre 5% et 15% de projets retenus) alors que les volontaires donnent largement d’eux-mêmes pour concourir. L’entreprise a donc tout intérêt à recevoir ce don, c’est-à-dire à dramatiser le geste et à manifester de l’émotion. L’entreprise a également intérêt à rendre, par exemple en accompagnant les volontaires, y compris après la réponse négative du comité de sélection. Pour en savoir plus sur le don et le contre-don, je t’invite à lire Norbert Alter – Donner et prendre, la coopération en entreprise.

C’est à ce prix qu’on s’assurera de la pérennité du dispositif.   

Préparer le futur des projets et proposer des parcours aux intrapreneurs 

Même si on travaille beaucoup et qu’il faut vérifier les hypothèses du business model, la période d’incubation / d’accélération est souvent un moment d’apesanteur. L’intrapreneur n’a pas la pression du business au quotidien et se sent porté par son projet. Seulement, on ne peut pas cacher que beaucoup de projet vont s’arrêter, être récupérés ou encore vont se poursuivre en dehors de l’entreprise. 

Il faut donc le plus tôt possible préparer l’atterrissage du projet dans une business unit, ou si le projet est trop disruptif, prévoir un cadre juridique adhoc. Et c’est encore plus vrai pour les intrapreneurs qui ne devront pas se sentir floués par les décisions de l’entreprise. Cela nécessite une réelle ouverture d’esprit et beaucoup de créativité. 

Les intrapreneurs sont souvent très exposés médiatiquement, y compris par la communication interne de l’entreprise, ils agissent donc comme des héros dans la culture de l’entreprise. 

Si tu veux tester ton programme d’intrapreneuriat, tu peux répondre à mon questionnaire et je t’enverrais une réponse personnalisée.

Retrouver les autres articles de Dominique van Deth sur son blog: Réflexions sur l’innovation, les startups et l’intrapreneuriat

3 conseils pour tirer le meilleur d’une expérience d’intrapreneur

Article original publié le 26/11/2018 sur le blog de Dominique van Deth : https://startups2corporate.blogspot.com/2018/11/3-conseils-pour-tirer-le-meilleur-dune.html

L’intrapreneuriat est une solution très tendance que mettent en place de plus en plus de grands groupes comme réponse à la nécessité impérieuse d’innover. Chaque semaine, la presse se fait l’écho d’un ou plusieurs programmes lancés en grande pompe. Déjà en 2017, Deloitte indiquait qu’un tiers des entreprises disposaient d’un tel programme. Mais quand on est un salarié motivé, comment savoir si ça vaut le coup de participer ? Dans un précédent billet, je t’avais averti: Entreprendre dans un grand groupe, c’est risqué. Oui, mais ça peut quand même valoir la peine. Alors voici 3 conseils pour t’aider à te décider.

L’intrapreneuriat pour quoi faire ?

Bien sûr, tu le sais, l’intrapreneuriat, c’est entreprendre tout en restant salarié. Et la palette est large entre le micro-projet qu’un collaborateur est encouragé à faire avancer et la démarche de disruption qui va générer dans 10 à 15 ans plus de chiffre d’affaire que le business actuel. Les sondages encouragent d’ailleurs à rester les pieds sur terre: d’après l’étude Pulse-On, seuls 8% des responsables interrogés pensent que l’objectif est de développer le business. Mais ça n’empêche pas aussi d’être ambitieux comme le proposait Grégoire Gambatto lors du petit déjeuner organisé par Abilways Digital sur le sujet (découvre mon compte rendu: les étapes clés de l’intrapreneuriat).

Intrapreneur ou corporate hacker ?

Pour qu’on puisse parler d’intrapreneuriat, il faut que l’organisation favorise la démarche. Bien sûr, on peut avoir un esprit entrepreneur dans une grande entreprise en dehors de tout programme officiel, mais dans ce cas, je préfère parler de Corporate Hacking, c’est-à-dire du détournement bienveillant des moyens de l’entreprise afin de créer de la valeur. 

Naturellement, si tu n’as pas un esprit Corporate Hacker, tu risques de perdre ton temps en postulant à un programme d’intrapreneuriat. Mais tout n’est pas perdu, tu peux encore demander au Père Noël d’ajouter le jeu « petits hacks entre amis » dans sa hotte pour t’exercer. 

Conseil 1: assure-toi d’y gagner même si ton idée n’est pas retenue

Bien vérifier ses motivations avant de s'engager

La plupart des programmes proposent aux participants de travailler sur une idée qui doit ensuite être murie pour être présentée et sélectionnée. C’est dommage car la sélection rend fragile (Antifragile: 3 conseils pour résister à l’adversité), mais c’est comme ça. Donc, regarde bien la manière dont le programme est construit et assure-toi que tu seras satisfait de l’expérience même si ton idée n’est pas retenue. A toi de voir ce qui te motive:

  • Te rendre visible auprès de la direction
  • Rencontrer de nouveaux collègues super motivés
  • Etre au contact de super coachs si c’est prévu avant la sélection
  • Vivre une expérience humaine formidable si ça commence par un hackathon  
  • Acquérir de nouvelles compétences (pitch, sens business, …)

Conseil 2: trouve-toi des soutiens dans les business unit le plus tôt possible

Les collaborateurs ont souvent peu d’expérience sur la manière dont leurs entreprises décident vraiment. Et les critères rationnels sont largement surestimés. Finalement, les personnes qui participent aux comités de sélections sont souvent des dirigeants qui ont des enjeux qui dépassent largement le programme. Ils font ce qu’on appelle vulgairement de la « politique ». D’où l’importance d’avoir un ou plusieurs sponsors opérationnels le plus tôt possible.

D’autant que le programme propose des facilités qui ne durent qu’un temps très limité. Et longue est la liste des projets qui sont arrêtés en sortie d’incubation parce les business units ne veulent pas les reprendre. Un peu comme les POC (proof of concept) proposés aux startups et qui ne débouchent malheureusement que trop rarement sur de l’industrialisation.

Conseil 3: utilise le programme comme un tremplin pour ta carrière

L’erreur ultime, c’est de tomber amoureux de son idée. Ton idée, elle va évoluer au cours du temps. Et même si le responsable du programme ne t’en parle pas tout de suite, ton projet peut être arrêté parce qu’il ne correspond pas à la stratégie du groupe ou parce qu’il est directement en concurrence avec un autre. Il peut au contraire attirer l’intérêt d’un grand patron qui reprendra le projet, ce que tu auras peut-être du mal à accepter.

Profite de l'expérience pour renforcer tes compétences

C’est dommage car c’est la règle du jeu. Seules les startups bootstrap ne sont pas confrontés au problème. Dès lors qu’une startup lève des fonds, le dirigeant sait (du moins je l’espère) qu’il peut être évincé du poste de CEO dans l’espoir de mieux valoriser l’entreprise.

Donc, profite de l’expérience pour acquérir des compétences et renforcer ton réseau. Et regarde les différentes options dont tu peux bénéficier. Dis-toi qu’il n’y a rien d’automatique. Un manager peut être très fier d’avoir un ancien intrapreneur dans son équipe ou au contraire se sentir mis en danger. Et si ton projet n’est pas prioritaire pour l’entreprise mais que tu sens qu’il y a vraiment quelque chose, regarde s’il existe un programme d’essaimage qui pourrait t’aider à continuer ton projet en dehors de l’entreprise.

Retrouvez les autres articles Dominique van Deth sur son blog: Réflexions sur l’innovation, les startups et l’intrapreneuriat

AG Hacktivateurs dec. 2018 : TOP table ronde sur l’intrapreneuriat et TALK inspirant d’Olivier Bas

Table ronde

Quels sont les objectifs des programmes intrapreneurs  : stimuler l’innovation interne ou nouveau business ? 

Quels sont leurs réels impacts : transformation collective ou individuelle? Quelles bonnes pratiques ou erreurs à éviter ?

Intrapreneurs : Siham LAUX (La Poste) & Gauthier SARTORIUS (Crédit Agricole)

Entreprises : Nicolas BRY (Orange) & Thomas CHAPPUIS (Société Générale) 

Prestataires : Jean Noel CHAINTREUIL (Change Factory) & Clémence DUBOSCQ (Corporate for Change)

Animation Hacktivateurs :  Gilles Delalloy et Virginie Coll       

Oui il y a différents types de programmes d’intrapreneuriat !!

  • ceux à vocation changement de culture en faveur de l’innovation, par exemple la Petite Fabrique animé par Corporate for Change
  • Et ceux ayant pour objectif la création de nouveaux business pour une entreprise, comme le programme d’intrapreneuriat d’Orange animée par  Nicolas Bry

Mais même avec un objectif business, l’impact sur la culture interne est palpable !

Nicolas Bry de ORANGE raconte les 2 barcamps internes à l’origine de la définition du projet : les collaborateurs y ont rappelé  que l’open innovation commence au sein de l’entreprise! L’intrapreneuriat, c’est le droit à l’innovation pour tous les salariés ! Les collaborateurs en parlent, cela devient une possibilité qui fait germer un changement culturel.

Le programme Orange, choisit des Intrapreneurs qui deviendront des patrons autonomes sur leur projet,  accompagnés sur 18 mois avec une aide certaine en termes de mise à disposition de moyens.

Depuis le début du programme, 4 projets sont devenus des business de 1m€ , peu en regard du CA du Groupe Orange mais très significatif pour les collaborateurs internes.

Ainsi cette année avec la sélection de deux porteurs de projets africains, c’est toute les entités africaines qui se sont senties engagées.

Chez Corporate for Change, version intrapreneur de l’association Ticket for change, fait en sorte que les intrapreneurs portent le changement en entreprise vers des activités à impact.

Pour que l’intrapreneur puisse mener son projet, il faut une changement culturel interne énorme ! Il faut aux intrapreneurs de la résilience, de l’assiduité et de l’engagement car ils sont confrontés aux pratiques établies. Ainsi, pour Clémence Duboscq, accompagner un programme d’intrapreneuriat revient à créer les conditions pour qu’un maximum de personnes puissent monter leur projet , rêver et travailler autrement.

Pour Jean Noel Chaintreuil de Change Factory il y a eu une évolution des attentes vis-à-vis des programmes d’intrapreneuriat . Au démarrage les programme sont centrés sur la réussite des projets présentés. Maintenant l’objectif se focalise sur les hommes, faire en sorte qu’ils évoluent et se réalisent. Ainsi, aux États Unis l’intrapreneuriat relève maintenant rarement d’une démarche d’innovation.

Pour Thomas Chappuis de la Société Générale, non les intrapreneurs ne sont pas des entrepreneurs! L’objectif est d’apporter de la liberté et casser les silos  pour modifier la façon de faire au sein de l’entreprise et de l’organisation hiérarchiques. Les projets sont sortis dans les incubateurs avec des coach externes et des bootcamps intensifs pour casser le moule corporate ce qui s’avère très bénéfique. 

Les qualités du coach d’intrapreneurs sont  sa capacité à  accompagner les individus et les équipes à travailler ensemble. Les méthodes sont bien sûr importantes : apprendre à gérer un  projet d’innovation, se centrer sur le client via le design thinking, développer de façon agile, suivre une démarche de test and learn, savoir recruter les ressources complémentaires … Mais  l’ accompagnement de la personne sur ses motivations et son projet sont les éléments essentiels.

Mais quel est le vécu des intrapreneurs?

L’intrapreneur n’a pas de super pouvoirs mais des super vouloirs !

Pour Gauthier Sartorius, intrapreneur Crédit Agricole,  le programme lui a permis une mobilisation personnelle pour l’amener à réaliser un nouveau projet professionnel dans une boite qu’il aime. L’intrapreneuriat a abouti  dans son cas à un projet d’offre interne, mais l’accompagnement lui a permis de démultiplier sa capacité à constituer les réseaux internes et externes pour faire avancer un projet innovant !

Pour Siham Laux, intrapreneure La Banque Postale,  le programme a aboutit à la création d’une entreprise mais de façon indépendante. Elle quitte ainsi l’entreprise avec un accompagnement de création d’entreprise après l’accompagnement intrapreneur de 18 mois. De fait, si l’objectif de création de business était l’objectif affiché du programme intrapreneuriat du Groupe la Poste, la sortie en tant qu’entrepreneur n’était pas prévue ! Un positionnement salarié mais une dynamique de chef d’entreprise , ce n’est pas simple à gérer. Et une fois le goût de l’autonomie d’entreprendre pris, il est bien difficile de rester dans l’organisation.

Oui tout le monde partage le fait que la sortie du programme est le moment le plus délicat à gérer. 

Ainsi, pour le programme Société générale, organisé avec des échéances go/no go, la plus grande difficulté est de gérer l’arrêt du financement du projet, même bon dans l’absolu mais qui au final ne répond pas aux objectifs de l’entreprise. Les sponsors internes ont alors une rôle clé dans l’accompagnement des équipes sur la suite ainsi que les RH qui face à l’ampleur du programme ont été amenés à se mobiliser pour assurer la suite .

Dans d’autres cas, le retour se fait sans valorisation RH de l’expérience intrapreneuriat, la personne retrouve son poste d’origine avec beaucoup de frustrations!

Comme dans un pacte d’associés, tout devrait être écrit dans le contrat au démarrage. Car il y a aussi un risque de non suivi du programme dans l’entreprise : changement des équipes en charge de l’intrapreneuriat comme au Groupe La Poste, tout change alors que le mode de sortie des promo précédentes n’avait pas été contractualisé.

Il faut donc établir  des contrats d’exit du programme et des dispositifs de valorisation. Ainsi chez Orange, un certificat est délivré pour valoriser l’expérience intrapreneuriat quelque soit la sortie, en BU avec un sponsor interne, ou en retour interne.

Olivier Bas L’envie une stratégie!!

Présentation très riche sur la gestion des émotions comme clé de succès des dynamiques personnelles et collectives positives Olivier BAS, chez Havas, #Liketonjob, l’envie une stratégie

Pour les entrepreneurs, l’envie génère une réussite qui génère des émotions positives. Alors l’envie se propage au collectif.

Il faut enclencher la dynamique collective sous le prisme du climat émotionnel positif car nous appréhendons le monde avec nos émotions.

Un climat émotionnel positif se préserve avec les mots : attention à tous les mots qui génèrent des émotions négative (un petit, n’ayez crainte, pas de problème, ..)

Pour créer un climat émotionnel positif de changement, il faut créer les conditions de la sécurité psychologique. Dans le cadre du projet Aristote de Google, visant à évaluer les clés pour la performance d’une équipe il a ainsi été identifié qu’il est essentiel de valoriser l’initiative :

  • « si je me trompe je ne suis pas pénalisée » 
  • « Si je fais un effort , en contrepartie j’ai une récompense alors j’ai un motif d’action ». La récompense est évaluée à niveau personnel, selon une  équation individuelle non transmissible aux équipes. 

Mais un climat émotionnel positif ne veut pas dire, mou ou consensuel. Non la capacité à gérer les conflit, les prise de décision : la peur de la confrontation fabrique de faux consensus qui génèrent de vraies confusions.

En situation de confort, les types de comportements démontrés sont ceux  habituels, ceux contraints par l’environnement, mais aussi de nouveaux comportements peuvent être adoptés et ce de façon équitable 1/3, 1/3, 1/3.

Mais en situation de transformation la peur provoque un recentrage sur les comportements habituels qui prennent le dessus, 60% au détriment des comportements nouveaux qui tombent à 10% ! A l’opposé de ce qui est nécessaire dans ce contexte !!

Il y a donc un besoin majeur à valoriser ceux qui ont des comportements nouveaux et que l’on peut trouver notamment au sein des intrapreneurs!

La révolution actuelle est plus culturelle que technologique, agir ou subir à nous de choisir !

Ça ne marchera jamais ! Ça coûte trop cher ! Survival kit à destination des hacktivateurs

1.      Ça ne marchera jamais

Cette fois ci, vous la tenez cette fameuse idée qui va résoudre le vieux problème que vous vous coltinez à toutes les réunions, et pour lequel plus personne n’a l’espoir d’une quelconque solution. Mais au moment où vous la présentez à vos collègues, ils répondent en cœur  : « ça ne marchera jamais ! »

Mais pourquoi pensent ils TOUJOURS que ça ne marchera JAMAIS ? Parce qu’ils n’ont PAS ENVIE que ça marche.

a.      Vous êtes une exception : la plupart des gens n’ont pas envie que ça change, ils adorent la routine, c’est sécurisant : on sait exactement ce qui va se passer jusqu’à ce soir 18H, et demain, et après-demain, et en 2024.

b.      Le changement, l’innovation, remettent forcément en question la façon dont les choses se déroulent aujourd’hui ; et donc le travail de vos collègues qui pourront vivre votre proposition comme une attaque personnelle

Il faut donc leur donner l’envie d’avoir envie ; comment ? En les associant ! Faites-leur comprendre que leur vraie valeur n’est pas dans leur tâche routinière mais dans leur expertise sur les clients ou sur le produit. Faites-vous en des alliés ; les infos qu’ils détiennent sont vitales pour la réussite de votre projet. D’une part ils vont enrichir votre idée avec leur connaissance terrain et par ailleurs vous réussirez aussi à les valoriser et donc à leur faire tirer leur épingle du jeu. Lorsque votre idée est sur la voie du succès n’oubliez pas de les remercier et de les mettre en avant pour qu’ils soient récompensés de leur prise de risque. Par contre, si vous vous plantez, épargnez les; ils vous seront utiles au prochain coup…

ATTENTION !! Pour ceux que vous ne réussirez JAMAIS à embarquer, et ils existent, veillez à ce qu’ils ne torpillent pas votre projet en sous-marin, vous risqueriez ensuite d’entendre « JE VOUS L’AVAIS BIEN DIT ! »

2.      Ce n’est pas notre core business

A force de vouloir faire plus ou mieux pour leur entreprise, les Hacktivateurs en viennent à « penser hors de la boite » et identifient parfois avec leurs clients des applications nouvelles du savoir-faire de l’entreprise ; hors « core business ».

Il existe de jolis exemples de ces applications hors core business : Xerox est ainsi devenu le leader mondial de la gestion de parking grâce à leur savoir faire lié aux badges et au reporting. En étant à l’écoute du client, en nouant une relation personnelle avec lui on peut trouver l’idée du siècle. J’imagine le commercial de Xerox, qui il y a quelques années, après sa réunion avec son client le plus fidèle l’invite à déjeuner et lui pose la question : « et à part les photocopieurs, ça va ? » « Oh non !! j’ai encore passé 20 minutes ce matin à essayer de rentrer dans le parking, nos vieux badges marchent jamais. Du coup, je suis arrivée en retard pour mon entretien et je ne pouvais pas joindre big boss car il n’y avait pas de réseau…. ». Appuyez-vous sur les clients avec qui vous êtes en confiance, qui vous apprécient et qui sont prêts à prendre des risques avec vous ; surtout si ce n’est pas trop cher et qu’on met en valeur le partenariat. Si ça marche, il en gagnera la moitié des lauriers et si ça ne marche pas, il n’y aura pas consacré trop de temps ni de ressources.

Les entreprises sous-exploitent énormément leur principale ressource pour trouver des idées : leur réseau de clients. A l’image de Toys’R Us, en se contentant de mettre des peluches et des playmobils sur des étagères pendant des années, sans rien proposer d’autre on finit par fermer.

3.      Ça va tuer notre core business

Celle-là, grâce à Kodak, on l’entend peut être un peu moins… Permettez-moi quand même de revenir sur cette histoire archi connue. Beaucoup croient que Kodak a subi un raz de marée externe lié à l’invention de la photo numérique, mais ce n’est pas tout à fait exact. Une des premières entreprises qui a découvert la prise de vue numérique c’est … Kodak, dans son département RetD ! Suite à la présentation au COMEX, cette belle innovation a été mise dans un placard fermé à triple tour car ils ont eu peur d’en mourir. Malheureusement ils ont eu raison, ça les a tués alors qu’ils avaient l’opportunité d’être en avance sur les autres et de vivre encore sans doute quelques belles années. Ce n’est donc pas le numérique qui a tué Kodak mais bien le refus d’innover et de changer son business model.

Dans les 15 dernières années, 52% des entreprises du Fortune 500 ont disparu ; leur durée de vie est passée d’en moyenne 75 ans en 1955 à seulement 15 ans en 2015. Le constat est partout le même : l’économie a changé, et les organisations doivent s’adapter à l’accélération des cycles business et à la disruption généralisée des marchés.

Donc si ça va tuer votre core business , allez y, foncez, c’est sans doute qu’il est déjà moirt ! Il n’y a plus de place imprenable, les pirates sont partout. Soyez le pirate de votre propre embarcation, ne laissez pas les autres s’endormir.

4.      On est leader sur le marché

Ce type de réponse est en fait très proche de la précédente. C’est notre core business, on est les meilleurs, personne ne prendra notre place et d’ailleurs on n’en a surtout pas du tout envie.

Aujourd’hui le savoir et entrepreneuriat deviennent effroyablement accessibles:

a.       internet permet à chacun de se connecter directement à tout le monde. On n’a plus besoin d’avoir un réseau de distribution physique ou des capitaux de démarrage pour lancer un business. En gros, on n’a plus besoin de s’appeler Mulliez ou Rothschild. Personne n’est à l’abri.

b.      Le savoir par ailleurs est devenu une commodité, en faisant des recherches un peu poussées sur internet vous serez en mesure de construire une bombe nucléaire (je vous disais que personne n’est à l’abri) donc ce n’est pas parce que vous êtes aujourd’hui leader, qu’on le restera ;

Si un collègue vous fait cette objection, rappelez-lui qu’à la dernière extinction massive d’espèces ce sont les dinosaures qui ont disparu, pas les moustiques.

5.      On a déjà essayé 

Si c’est l’argument principal qui vient contrer votre envie d’innover, réjouissez-vous ! C’est le signe que vous êtes très bien parti.

D’abord parce que quelqu’un avant vous a fait au moins le même constat que vous, et a eu une idée similaire. C’est une très bonne nouvelle : vous n’êtes pas seul. Partager les constats avec certains de vos collègues, c’est déjà partager les futures solutions.

Deuxièmement vous allez pouvoir éviter les erreurs de vos prédécesseurs. A part dans le monde formidable de l’entreprise, rien ou presque ne marche du premier coup. Il n’y a qu’à observer un bébé qui veut marcher. Il va se mettre debout, retomber, faire un pas, puis deux, en s’accrochant aux murs, à vos jambes, jusqu’à ce qu’il y arrive. Le seul fait d’essayer va le muscler, l’équilibrer et c’est ce qui fait qu’il va y arriver après des centaines d’échecs. S’il renonce parce que la première fois qu’il a essayé il est tombé, il a peu de chance de marcher un jour.

Le fait d’avoir échoué ne compromet pas la réussite d’une innovation mais au contraire fait croître les chances de succès ; mais à une seule condition : que vous enquêtiez d’abord sur ces premiers essais. Comprendre qui l’a mis en œuvre, pour quels motifs et ce qui l’a fait échouer ;

C’est le début du travail under cover, lorsque vous présenterez le projet aux sponsors vous monterez que vous vous êtes documentés, que vous connaissez la boîte et que vous avez des réponses aux raisons du précédent échec.

Et quand, à votre tour, vous allez vous planter, soyez sympa, documentez cet échec pour les collègues. Partagez ! Vous montrerez que vous êtes bon perdant et ce sera de l’or en barre pour le prochain essai.

6.      Ça coute trop cher ! ça prend trop de temps !

En effet, si vous proposez de construire une fusée pour vous rendre sur Mars et que vous n’avez pas les moyens d’Elon Musk, ça risque d’être retoqué.

Mais vous en fait, vous proposez des idées simples : refondre un peu l’appli client qui est tellement ringarde et qui tourne à la vitesse d’un bulot amoureux. Vous savez qu’en tant que client ça vous rendrait fou de devoir vous en servir. Votre problème : vous n’avez aucune compétence de développement et la DSI refuse de bouger le petit doigt tant qu’il n’y aura pas un cahier des charges fonctionnel et technique de 154 pages validé par le COMEX.

Soyez agile, créatif, inventif, rappelez-vous vos jeunes années lorsque vous arriviez à faire des choses sans un rond en poche. Retrouvez la même capacité à vous débrouiller avec les moyens du bord. Un peu de photoshop, de indesign – il y a plein de tuto sur YouTube, au pire soudoyez le stagiaire en communication en l’invitant à l’apéro et le tour est joué. Vous pourrez déjà présenter 3 maquettes d’écrans et faire un tour rapidement auprès de vos clients (sans oublier de filmer leur réaction) et vous prouverez la nécessité de se renouveler !

N’oubliez pas, un prototype bricolé vaut mieux que 20 minutes de power point.

7.      Le patron ne voudra jamais

Votre N+1 vous l’a déjà dit non ? « Non, écoute, je connais Jean Marc, il n’en voudra jamais. » Paf, votre belle idée tuée dans l’œuf par un chef mal luné ce matin. Et pourquoi il n’en voudrait pas Jean Marc ? Sans doute pour un peu toutes les raisons qu’on a analysées auparavant : trop long, trop cher, trop compliqué, trop menaçant pour le business…

Mais en fait, est-ce vraiment le moment de lui poser la question ? Attendez un peu, travaillez under cover, prototypez, filmez, affinez le besoin et une fois que quelque chose de tangible sera montrable et que vous aurez fait adhérer quelques collègues et quelques clients, vous pourrez alors allez le voir.

Règle numéro 1 : choisissez le bon moment.

Règle numéro 2 : travaillez autant sur le besoin que sur la solution. A quel besoin répond votre idée ? Comment votre idée y répond elle ? S’il y a vraiment un besoin, quelqu’un va y répondre, et une fois encore il vaut mieux être le premier à tester que le premier à avoir des regrets de ne pas avoir essayé.

Voilà en quelques mots ce que je voulais partager aux innovateurs et hacktivateurs de tout poil,

En conclusion, quatre choses à retenir :

1.      Allez au moins jusqu’à un premier prototypage à bas prix ; vous n’aurez pas le regret de ne pas avoir été compris. Et puis ce sera toujours utile pour le prochain essai, car on sait tous que vous n’allez pas vous arrêter à votre premier échec

2.      Ne restez pas seuls trop longtemps, testez rapidement dans votre proche entourage, c’est le début d’une communauté de soutien et sortez du bois quand elle est constituée

3.      Ne vous laissez pas décourager si votre idée ne passe pas du premier coup et que vous êtes convaincus de tenir quelque chose, itérez, retestez mais surtout DOCUMENTEZ !

4.      Sachez AUSSI mettre le concept en off pendant quelques semaines / mois. L’idée est peut être excellente mais ce n’est peut être pas le bon moment ; ne gardez pas de rancune mais restez à l’affut de l’occasion qui vous permettra de la remettre en avant quand les conditions seront plus propices.

Le comité d’entreprise : place de hacks et de dé-silotage !

Vous avez des envies de bouger les murs internes, de tester de nouvelles manières de collaborer, de faire des choses sans passer 3 jours à essayer de grappiller 3 jours sur une ligne de pointage, de proposer des idées hors de votre domaine officiel de compétences, de penser société et pas uniquement pour votre « chapelle »… mais les processus vous l’interdisent, votre hiérarchique n’y voit aucun intérêt, on vous rétorque « Pas notre problème, c’est celui de l’autre direction ! », « Tu vas pas m’apprendre mon métier ! »« Mais de quoi il se mêle… » … des murs… encore des murs… le moral est au plus bas…

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