Nous vous avions déjà parlé de certains éléments inhérents à la vie du corporate hacker comme le « mission statement », la peur et quelques Hacks ; vous avez également pu lire quelques lignes sur les conditions et outils propices à « l’hacktion », moteur des Hacktivateurs.
En cette période de surchauffe qu’est la rentrée, nous avons choisi d’aborder un élément essentiel de la vie d’un Hacktivateur : l’ÉCHEC. En majuscules pour mettre en évidence son impact sur notre état d’esprit.
Loin de la niaise candeur, du conformisme de bon aloi et de l’extrême métal, les entrepreneurs, figures emblématiques des 3ème et 4ème révolutions industrielles, hackers, font résonner une nouvelle mélodie planétaire, souvent plus sage et respectueuse de la complexité humaine et des différents écosystèmes.
Au sein des entreprises, l’entrepreneuriat se décline sur un mode flexisécure, l’intrapreneuriat. De belles réussites sont énoncées dans le livre « Transformer l’entreprise de l’intérieur« , avec une stricte définition : « l’intrapreneur social est un salarié qui développe, au sein de son entreprise, une activité innovante susceptible d’apporter une solution durable à un problème de société. Cette innovation sociale, intégrée dans le cœur de métier de l’entreprise, se caractérise par un modèle économique propre, visant, a minima, à couvrir les coûts du projet, et favorisant la participation des collaborateurs de l’entreprise qui sont invités à y apporter leur expertise. » Emmanuel de Lutzel, co-auteur avec Valérie de La Rochefoucauld-Drouâs, est également membre des Hacktivateurs.
Nod-A, makestorming, corporate hacking
Les corporate hackers, moutons à cinq ou sept pattes au genre inclassable, ne rentrent pas forcément dans les lignes de cette définition… Souvent doué.e.s, reliant « têtes et cœurs », théories et pratiques, elles/ils remplacent les murs par des moulins à vent et tracent de nouvelles voies d’action collective pour tantôt réaligner, tantôt faire basculer, toujours bousculer (Grande Disruption à l’œuvre… « Faut pas zarmer » :)) Tous profils à l’œuvre, mais pas de misanthropes ! #HauteQualitéHumaine
"A l'évocation de ces technophiles qui mangent du marketing comme un nouveau bonheur, sa fibre critique se réveille" https://t.co/dPecO8ndnC
Peu de (personal) marketing addicts chez les corporate hackers ; plutôt une ambiance de marketing responsable. Les stratégies d’influence sont appréciées dans leur valeur ajoutée aux combats menés, mais « savoir, faire, (savoir-)voir et partager » priment sur les logiques excessives de personal branding… Quelques-uns parmi tant d’autres, les hackers sont trop conscients des enjeux contemporains, et soucieux du respect de leur intimité.
Ainsi les corporate hackers déclinent-ils les #CivicTech, #EdTech, #FinTech, #GreenTech, #MedTech, … au sein des organisations en conscience des besoins humains, et dotés des compétences utiles.
Transformation numérique : quel est le bilan de vos 12 compétences digitales ? https://t.co/TYE0FLKkkW
Tel conseiller RH adepte de data analysis décidera de relier ses référentiels classiques aux réseaux sociaux internes pour mieux connaître chaque salarié et mieux le servir (développements personnel et professionnel : formation, mobilité, temps et espace de travail,…) #EdTech. Quid des dirigeants qui ne considèrent pas les salarié.es comme des clients de l’entreprise ?
Tel médecin du travail établira une communication électronique personnalisée au fil de l’eau avec ses patients et fera la promotion des objets connectés anti-stress, mesurant en temps réel l’impact des activités et rencontres sur les personnes #MedTech. Au grand dam des facteurs de stress ainsi démasqués, qui devront être traités.
Telle communicante libérera la parole avec doigté grâce aux outils numériques pour une meilleure connaissance des attentes du terrain, une plus grande proximité entre Top Managers et opérationnels. Expression garantie de toutes les intelligences ! #CivicTech. Tant pis pour les DG adeptes des décisions prises unilatéralement en tour d’ivoire.
Telle responsable logistique introduira des vases connectés sur les bureaux et choisira avec soin les plantes utiles, afin de réaliser des économies d’eau tout en garantissant un environnement de travail agréable, détoxifié #GreenTech. Dans un premier temps, les dépenses mobilières en pâtiront.
Les hackers, entrepreneurs et intrapreneurs, n’ont pas fini de raconter de belles histoires en amenant d’autres conteurs et acteurs dans leur sillage… Et au-delà. Les élèves sont susceptibles de dépasser les maîtres…
Les chemins numériques, jalonnés de hacks en tous genres, sont porteurs d’avenir. Au féminin aussi, quoique puisse suggérer l’illustration du tweet ci-dessous 🙂
La narration de la révolution technologique est terminée, bienvenue dans l'histoire du capitalisme nouveau. https://t.co/bTdQuxI5aO
D’ailleurs, l’association Les Hacktivateurs compte autant de femmes que d’hommes… Et le comité fondateur est mixte !… PLACE À L’HACKTION (mot féminin) !
J’ai décidé de soutenir et de participer à l’aventure des Hacktivateurs. D’une part, parce qu’il y a là un certains nombres de copains, et de relations pro que j’apprécie vraiment, et d’autre part parce que les valeurs de cette association me parlent. Des valeurs de bienveillance, d’ouverture, et de sens du progrès, motivées par, et centrées sur l’humain.
Confession
Je vais commencer par une confession : je ne sais pas ce qu’est le corporate hacking. J’en ai une vague idée, mais rien de bien clair, bien que je pense être un corporate hacker. Lors de la soirée de lancement de l’association, j’avais « promis » de pouvoir a minima aider à publier quelques articles. Je voudrais donc commencer par cet article. Le corporate hacking, qu’est ce que c’est ? pourquoi ce terme anglais, au delà des modes et effets de buzz ?
Essai de définition
Le corporate hacking, en gros, c’est le fait d’utiliser les moyens mis à disposition par l’entreprise dans le cadre d’une fonction, pour faire bouger les lignes au-delà cette simple mission. Sens de l’opportunité, voire de l’improvisation, détournement positif, et bricolage organisationnel : pour le corporate hacker, tous les moyens ou presque sont bons pour œuvrer, dans le collectif, à l’amélioration de l’entreprise. Le corporate hacking ne joue pas contre l’entreprise, mais au service de la transformation de celle-ci, et dans le respect de sa raison d’être profonde.
Ces quelques éléments posent question : n’est pas simplement une manière de décrire des collaborateurs engagés ? En partie, bien sûr, mais pas uniquement. Un salarié engagé peut aider à la transformation, et aller au-delà de ses missions. Mais je crois que le corporate hacking décrit une manière de faire un peu plus « rebelle », un peu moins « bon soldat », ou pour le dire mieux une manière un peu plus autonome de faire. Le corporate hacker n’attend pas que les ordres lui arrivent pour agir hors du cadre : c’est sa manière d’être. Le côté « rebelle » peut aussi correspondre à des personnalités peu à l’aise dans la bureaucratie qui, malheureusement, est un des problèmes rencontrés dans certaines entreprises. Essai de définition, donc (je définis les corporate hacker, le corporate hacking n’étant au final que l’ensemble des actions conçues et exécutées par les corporate hackers) :
== M.A.J 28.04 suite aux commentaires ==
Corporate hacker : collaborateur(trice) dont l’engagement dans ses missions s’exprime par une capacité à œuvrer au-delà de celles-ci, avec d’autres, en gardant toujours à l’esprit non pas le respect du statut ou du rôle de telle ou telle personne, ou de la structure organisationnelle existante, mais l’intérêt et le sens, la raison d’être, de l’entreprise humaine collective à laquelle il participe. »
Pourquoi pas en français ?
Parce que les traductions les plus satisfaisantes de hacking en français sont « bidouillage », « détournement ». Le premier semble décrire quelque chose de trop approximatif (ce qui n’est cependant pas toujours faux en ce qui concerne les actions des corporates hackers, car l’agilité leur importe plus que la rigueur), et le second est trop proche du champ sémantique de la « piraterie ». C’est d’ailleurs le fruit d’une méconnaissance assez répandue : le cracker vise à détruire, là où le hacker veut détourner pour créer du nouveau, de la valeur. L’intérêt de l’association des termes « corporate » et « hacker », c’est qu’elle dit à la fois l’attachement à l’alignement avec l’intérêt de l’entreprise, et la nécessité d’avoir des marges de manœuvres en internes pour faire au mieux, et dépasser les silos organisationnels.
Pourquoi a-t-on besoin de corporate hackers ?
Certainement pas parce que d’infâmes individus à courte vue empêchent toute évolution des structures, pour des visées personnelles. Ces individus existent au sein des entreprises, et existeront probablement encore pour un petit moment. Non, la raison est plus basique : les groupes humains, pour bien fonctionner ont à la fois besoin de règles de fonctionnement, et de capacités à revisiter ces règles régulièrement pour maintenir une capacité d’adaptation. Le monde bouge autour des entreprises, leur écosystème aussi, et cette adaptation permanente n’est pas une option, mais une condition de survie. Le corporate hacker force l’entreprise à apprendre, à douter, à aller explorer.
Plus les gènes de ces règles internes sont rigides, moins elles comprennent de processus intégrés d’adaptation et d’apprentissage, et plus les corporate hackers sont nécessaires. Pour le dire vite : les corporates hackers sont les empêcheurs de penser et tourner en rond des entreprises.
Hackers inside
Voilà probablement pourquoi, en ce moment, une association comme les hacktivateurs est nécessaire et utile. Parce que la transformation à l’œuvre dans les entreprises implique de lourds changements culturels. Les entreprises qui mettront en avant des comportements d’agitateurs bienveillants sont probablement celles dont les leaders auront compris l’importance de l’adaptation continue, au prix même d’une certaine instabilité.